Période Romaine (57 avant. J-C à 445 après J-C)
Le pays de Lens dont fait partie Montignies était couvert par la vaste forêt charbonnière au sud et à l'est. Cette forêt est ainsi nommée a cause du charbon de bois qu'on y produisait autrefois, et jusqu'il y a peu avec le bois de hêtre. (La houille ne fut découverte au borinage qu'en 1213). Il y avait quatre zones distinctes :
1ère zone,
Est l'endroit choisi par Saint Guislain, lieu-dit "ursidong" tanière de l'ours. Sirault avait un bois où dominait le cerisier (cerasus, Sirault).
2ème zone,
La Sylva balduris n'est autre que la forêt de Baudour. son nom et son origine paraissent antérieurs a la venue des romains. Elle couvrait Baudour et ses environs.
Baldr était une divinité scandinave, le dieu de l'éloquence, et des sentences judiciaires. Son culte était en honneur chez les anciens belges, au témoignage de césar lui-même. Baudour retint son nom de la forêt consacrée au dieu Baldr.
3ème zone,
C'était la forêt de Broqueroie aux environs de Saint Denis. Elle tient son nominal de la partie défrichée par les moines de St Denis. On l'appelle encore Sylva major.
4ème zone,
C'était la Sonnephia sylva ou Sylva sunniaca, ce bois appelé aussi sonnebosch au centre duquel s'éleva la ville de Soignies. D'après tacite, les anciens belges adoraient aussi le soleil, la lune et le feu. leurs temples étaient la voute céleste. une clairière suffisait pour le culte du soleil. C'était un culte germain. (d'après chotin)
La chaussée romaine
Bavay avait été choisie comme capitale de la Nervie. Autrefois dans la ville était placée une pierre à sept faces. Chacune de ces faces correspondait a une voie romaine.
La première de ces voies traversait nos contrées pour joindre Utrecht, l'empereur auguste (64-14) la fit construire. elle pénètre en Hainaut à Sart-la-bruyère, traverse Mons (rue de la chaussée), Nimy, escalade la côte des bruyères (bois de Mons) traverse Masmuy où elle porte le nom de grand chemin, puis large et droite, elle fait la limite entre Montignies et Neufvilles.
Puis c'est Louvignies, Chaussée-notre-dame, qu'elle traverse, Graty, Hoves, Enghien, le Brabant et Anvers pour aboutir à Utrecht aux Pays-bas.
Il est curieux de connaitre les détails de la construction de cette route. Avant la découverte de la houille, la pierre se cuisait au bois. une loi, chez les romains, imposait aux possesseurs des terrains calcaires (cesptes calciaris) l'obligation de fournir de la chaux a l'état pour la construction des routes. Cette loi a dû s'étendre à la Belgique après la conquête, et les grands travaux exécutés par le peuple roi aux ponts, aux aqueducs, aux voies militaires et aux fortifications de tous genres ont dû donner une grande extension a cette industrie.
Du reste le nom de chaussée vient de caus (chaux) (gaussée en dialecte wallon), quant a la chaussée Brunehault (régente d'Austrasie 534-613) cette reine répara plusieurs voies romaines auxquelles elle laissa son nom, cette voie militaire après avoir été longtemps parcourue par les légions romaines, fut suivie par les francs saliens jusqu'aux confins de la forêt charbonnière.
Ensuite ce furent les preux chevaliers se rendant aux croisades, les marchands et les routiers de toutes contrées de l'Europe. Les guerres de louis XIV (1643-1715) y virent les troupes espagnoles et françaises après Fleurus, Neerwinden, Ramillies et Steenkerke.
Elle vit les campagnes dévastées par les troupes autrichiennes et plus tard par Napoléon après Waterloo (entre 1804 et 1815) et la grande armée (1914) y a laissé des traces et de tristes souvenirs barbares, cette chaussée romaine a donc toute une histoire qu'il faut tirer de l'oubli des siècles.
Les habitants
Jamais il n'y eu dans nos régions une forte population.
On n'y relève pas de grosse industrie établie, les agglomérations n'y ont guère augmenté.
A l'époque de césar, les Nerviens avaient abandonné les villes et les campagnes, après avoir caché leurs femmes et leurs enfants, ainsi que les vieillards dans les forêts profondes. Tous ceux qui pouvaient porter arme (60,000 h) furent anéantis à la bataille de Presles avec leur chef Boduognat.
Le sort des malheureux qui restaient excita la compassion de César qui prit ce peuple sous sa protection, leur rendit leurs biens et leurs terres et défendit aux nations voisines de leur faire aucun tort et aucune insulte, néanmoins, le pays, qui était vaste, ne tarda pas à se repeupler de colons Rémois et Picards, le caractère des Nerviens changea : De féroce et belliqueux ennemi du luxe qu'il était, il devint un peuple attaché aux délices et aux molles douceurs de la vies ( d'après Dewez T.1,215)
L'agriculture
Une grande partie du pays de Lens était couverte de forêts, bruyères et marécages, au bord de l'Asbra (dendre) et de ses affluents, il y avait de nombreuses prairies naturelles et parfois aussi des marais boueux. Néanmoins, César, Tacite et Pline sont d'accord pour reconnaître que cette région possède un sol très fécond. Lorsque Titirius et Cotta (54 avant J-C,) voulurent pénétrer dans la Ménapie, ils eurent soin de ravager les campagnes et de couper les blés, César, forcé de quitter la Germanie, manquant de vivres, ramena ses troupes dans les terres fertiles de l'Eburonie et de la Mervie, dans la saison où les grains commençaient à mûrir.
Pline rapporte que pendant un hiver rigoureux, les blés furent gelés. les habitants ressarclèrent leurs terres et ressemèrent pour une riche moisson. il est très possible que durant cinq siècles, les romains entreprirent des défrichements, et on rapporte que tout y était cultivé, sauf les forêts, les marécages et les bruyères. si on produisait beaucoup de blé, on élevait également un nombreux bétail et d'importants troupeaux de brebis et de porcs qu'on fournissait à Rome.
De tous temps, les chevaux de nos contrées furent estimés. Montignies-les-lens est le berceau de la race chevaline belge d'une renommée mondiale. Auguste Oreins (1820-1875) en est le fondateur avec son étalon "Gugusse".
Avec les grandes quantités de laine de mouton recueillies, nos pères fabriquaient des draps grossiers et épais et même des étoffes légères teintés de plusieurs couleurs; on filait et on tissait la toile sur des métiers qui ne sont disparus que depuis la fin du XIXe siècle, (d'après Dewez T. 118).