Euphrasie Deroux

03/12/1892

Saviez-vous que la dernière femme guillotinée en Belgique était Montagnarde ?

Euphrasie Deroux, née à Montignies-lez-Lens, le 11 février 1813 et morte guillotinée à Mons, le 22 juin 1846 à la suite du meurtre de sa fille, Thérèse, âgée de deux ans est la dernière femme exécutée en Belgique à la suite d'une condamnation de droit commun.

Les faits

Le 20 janvier 1844, Euphrasie Deroux met au monde une seconde enfant naturelle, Marie-Thérèse. Le père, malgré ses engagements de pourvoir à l'éducation de sa fille, disparaît dans la nature. À peine remise de ses couches, Euphrasie accepte un travail de nourrice chez les Carlier et place sa fille, à Masnuy-Saint-Pierre, chez Joachime Moulin, sa cousine. À l'automne 1845, l'enfant Carlier a grandi et n'a plus besoin des services de sa nourrice. Euphrasie Deroux récupère donc sa fille chez sa cousine et s'installe en novembre 1845 à la ferme des Mary en qualité de fileuse.

Meurtre de la petite Marie-Thérèse

Le 1er février 1846, Euphrasie, absente durant toute la journée, revient chez les Mary. En guise de nourriture, elle donne des baies d'aubépine à sa fille, ce qui indigne Marie-Thérèse Picrit, l'épouse d'Augustin Mary. Elle le lui fait remarquer et tandis qu'elle s'apprête à lui préparer une tartine, Euphrasie se saisit du pain pour en découper une tranche avant de la donner à sa fille à un rythme qu'elle est loin de pouvoir absorber. Léopoldine, la fille des Mary alors âgée de douze ans, avertit sa maman qui s'apprête à partir et tourne le dos à la scène. 

À son tour, Marie-Thérèse Picrit interpelle Euphrasie Deroux et lui dit qu'elle va tuer son enfant. Euphrasie décide alors de mettre sa fille au lit et de lui faire manger les croûtes du pain. Elle lance : « qu'elle crève aujourd'hui ce laid jeune-là ». L'enfant fait des efforts pour vomir, sa mère la gifle et continue à enfourner la nourriture dans la bouche de la petite, qui succombe au mauvais traitement. La mère tente de ranimer l'enfant en lui jetant une cruche d'eau au visage, en vain : Thérèse est morte. Euphrasie Deroux demande alors à Marie-Thérèse Picrit et à Léopoldine de garder le secret et propose de l'argent, un franc pour l'une et quelques centimes pour l'autre, pour acheter leur silence

Interrogatoires et arrestation

Choquée, Marie-Thérèse Picrit s'en ouvre au bourgmestre de Montignies-lez-Lens, Nicolas Paternostre, qui en informe la justice :

« il est parvenu à notre connaissance qu'une nommée Deroux Euphrasie, ouvrière à notre commune, aurait fait mourir son enfant naturel décédé le 1 de ce mois (février 1846), âgée de 2 ans, dont nous avons pris des renseignements près de la nommée Thérèse Picrit, époux d'Augustin Mary qui paraît-il, a connaissance des faits mais nous n'avons pas rédigé PV "pour garder la chose secrète". »

Le 10 février 1846, à la demande du parquet de Mons, il réentend - officiellement cette fois - Marie-Thérèse Picrit et sa fille Léopoldine. Différents témoins seront entendus. Les informations sont accablantes : « Sous prétexte de la réchauffer, elle la tenait au-dessus du feu. Elle a eu le derrière tout grillé et les talons brûlés. »1. Dans ces dépositions, on apprend que la mère nourrissait fréquemment son enfant de pain couvert de savon noir ou de fonds d'huile. Un jour, tandis qu'elle la réprimandait sévèrement pour avoir souillé sa robe, elle lui brisa le bras. Le rapport de l'autopsie, menée par Pierre Defontaine, médecin et par Auguste Wattines, chirurgien rendu le 12 février 1846 confirme bien la nature du décès par asphyxie causée par l'excès d'aliments à l'entrée de la glotte. Ils versent au dossier une baie d'aubépine retrouvée dans sa gorge. Ils constatent par ailleurs que les deux bras sont déformés par des fractures des humérus, un petit abcès sur la poitrine à gauche, une escarre sur la fesse1,2.

Le 14 février 1846, Euphrasie Deroux est arrêtée à Masnuy-Saint-Pierre et est interrogée deux jours plus tard à la maison d'arrêt de Mons par le juge d'instruction. La maman, analphabète, reconnait : « Il est vrai que je l'ai fait mourir mais je ne voulais pas lui faire de mal. ». Le 5 mars, le juge l'entend à nouveau. Le 31 mars 1846, le brigadier Henri Deramaix de la gendarmerie de Lens relate ce qu'elle lui répondit lorsqu'il l'interrogea sur les motifs lui ayant fait infliger pareils sévices à sa fille. Elle répondit « que c'était dans l'intention de la faire mourir, qu'elle en était lasse à cause que son travail ne suffisait plus pour lui procurer le nécessaire de la vie, et qu'enfin, celui qui lui avait fait un enfant, lui avait promis de l'argent et que jamais il ne lui en avait donné et que pour ces motifs, elle avait formé le projet de la faire mourir »

Condamnation et exécution

Le 25 avril 1846, à l'issue de son procès, elle est condamnée à la peine de mort par la Cour d'assises du Hainaut. Le 28 avril 1846 son avocat, Toussaint, tente un pourvoi en cassation et espère pouvoir faire requalifier les faits en homicide par imprudence. Un recours en grâce est introduit auprès du Roi. Pourvoi et recours sont rejetés1,2.

Le 21 juin 1846, Euphrasie Deroux est informée vers 18 heures que l'exécution est prévue pour le lendemain. Elle entend une messe à minuit et y prie avec ferveur.

Le 22 juin 1846, un chariot traverse la Grand-Place de Mons pour amener Euphrasie Deroux au pied de la guillotine où l'attend Jean-Joseph Guillaumez, l'exécuteur en chef de la province de Hainaut. La foule nombreuse est massée autour de l'échafaud. Certains, attendant l'arrivée de la condamnée, réclament : « la pièce ! ». Elle grimpe les marches, peu assurée. La sentence est différée pour un temps, la guillotine devant être réglée en raison de sa petite taille. Euphrasie Deroux est exécutée à 6 heures du matin.

Documents officiels - Actes - Extraits de presse

Deroux Euphrasie née à Montignies Lez Lens, le 11 février 1813, fileuse, y domiciliée,

Assassinat de sa fille âgée de deux ans à Montignies Lez Lens, le premier février 1846,
condamné par la Cour d'Assises du Hainaut le 25 avril 1846.
Exécutée sur la Grand Place de Mons le 22 juin 1846 à 6 heures du matin,
(Dossier reposant aux Archives de l'Etat à Mons sous le n°14/1846)

  • Résumé de l'Affaire.
  • Acte de décès de Euphrasie Deroux reposant aux Archives
  • Procès verbal d'exécution.
  • Pièces du dossier.
  • Photocopie de l'acte de décès (Adm com de Lens).
  • Récit de l'exécution de l'intéressée dans la Gazette de Mons du 23-24 juin 1846.

Résumé de l'affaire DEROUX (D'APRES LE DOSSIER REPOSANT AUX ARCHIVES DE L'ETAT A MONS. (Acte d'accusation).

L'accusée résidait a Montignies Lez Lens chez les époux MARY. Elle avait près d'elle sa fille Thérèse âgée de deux ans. L'accusée avait pris en haine cette enfant et la traitait de la manière la plus cruelle. Parfois, elle lui donnait du pain couvert de savon, d'huile ou d'autres matières nuisibles.

Un jour, elle la plaça le derrière nu au dessus du feu ; l'enfant jeta des cris que sa mère voulut faire cesser en lui donnant des coups. Elle continua à la tenir dans cette position jusqu'au moment où la douleur fit taire l'enfant qui était brûlée d'une maniera grave.

La femme MARY fit des reproches à l'accusée d'une telle action. Celle-ci répondit en parlant de sa fille "Qu'elle crève hardiment". Une autre fois, l'accusée avait nettoyé sa fille qui avait sali ses vêtements puis se mit à la battre et à la terrasser au point qu'elle lui cassa le bras droit.

Le premier février 1846,l'accusée s'absenta toute la journée ; elle rentra le soir et elle commença par donner à sa fille des fruits d'aubépine qu'elle avait rapportés ; elle se disposa ensuite a la mettre coucher. La femme MARY lui reprocha de ne pas donner à souper a son enfant, et elle dit qu'elle allait lui faire une tartine. Aussitôt l'accusée demanda du pain et elle en coupa une tranche en disant "qu'elle crève hardiment aujourd'hui ce sacré laid jeune là". Elle mit dans la bouche de sa fille la mie de pain mais en telle quantité qu'elle ne pouvait l'avaler et faisait des efforts pour la rejeter. L'accusée lui donna plusieurs gifles dans la figure pour faire cesser ses efforts. La femme MARY fit remarquer à l'accusée qu'elle faisait mourir son enfant, celle-ci lui répondit qu'elle allait la mettre coucher et qu'elle lui donnerait les croûtes de pain. La femme MARY était occupée à filer et elle tournait le dos à l'accusée qui continuait a entasser le pain dans la bouche de l'enfant. La petite Léopoldine MARY âgée de 12 ans, observant ce que faisait l'accusée, elle ne tarda pas à attirer l'attention de sa mère, qui s'étant retournée vit que la petite Thérèse ne donnait plus signe de vie. Le femme MARY adressa les reproches les plus vifs à l'accusée qui chercha à la même nature non digérés et d'un grand nombre de fruits d'aubépine. De ces observations, on en déduisit que la petite Thérèse était morte asphyxiée.

Interrogée, Euphrasie DEROUX nia avoir jamais fait le moindre mal à sa fille. Le bourgmestre lui donna connaissance des renseignements qu'il avait recueillis et il lui dit qu'il allait la mettre en présence de son enfant. Aussitôt, elle se troubla et elle demanda à ne pas voir sa fille et successivement elle avoua la vérité des faits qui lui sont reprochés.

ACTE DE DECES (Reposant aux registres des décès de la ville de Mons - Archives de l'état à Mons).

L'an mil h u i t cent quarante - six, 1e vingt deux du mois de juin à 11hrs du matin, par devant nous, Charles Fontaine de Fromentel, échevin de la ville de Mons, Province du Hainaut, Chevalier de l'ordre de Léopold; délégué par résolution du conseil des bourgmestres et échevins aux fin d'intervenir dans les actes d'état civil sont comparus Gaspard DUVIVIER âgé de 47 ans et Victor LEMOINE âgé de 23 ans tous deux employés domiciliés en cette ville lesquels nous ont déclarés qu'Euphrasie Félicie DEROUX âgée de 33 ans fileuse, née à Montignies Lez Lens, célibataire, fille de Jose h DEROUX et de Florentine FLAMENT est décédée en cette ville aujourd'hui à 6 heures du matin et ont les comparent signés avec nous le présent acte après qu'il leur en soit fait lecture.

Procès verbal d'exécution de Deroux Euphrasie (Reposant au dossier des Archives de l'état à Mons).

L'an mil huit cent quarante six, le 22 juin à six heures du matin, en l'exécution de l'arrêt rendu par la cour d'assises de la province du Hainaut siégeant à Mons le 25 avril 1846 qui condamna la nommée Euphrasie Félicie DEROUX âgée de 33 ans fileuse, née et domiciliée à Montignies Lez Lens pour assassinat à la naine de mort et aux frais du procès.
Nous commis greffier du tribunal de première instance séant audit Mons, nous nous sommes rendu en l'une des salles de l'hôtel de ville où étant et du balcon de cette salle donnant sur la grand place avons vu amener par la force publique la susdite Euphrasie Félicie DEROUX laquelle remise en mains de l'exécuteur des arrêts criminels a eu immédiatement la tête tranchée.
De quoi avons dressés le présent PV les jours, mois et an que dessus
ROBETTE

Documents de procédure judiciaire, Procédure 14 de l'année 1846.

Pièce 1 : dénonciation des faits par le bourgmestre PATERNOSTRE : lettre au PR. En lui signalant qu'il est parvenu à notre connaissance qu'une nommée DEROUX Euphrasie , ouvrière à notre commune, aurait fait mourir son enfant naturel décédé le 1 de ce mois (février 1846), âgée de 2 ans, dont nous avons pris des renseignements près de la nommée Thérèse PICRIT, époux d'Augustin MARY qui paraît-il, a connaissance des faits mais nous n'avons pas rédigé PV pour garder la chose secrète.
Pièce 2 : enquête effectuée par le bourgmestre Paternostre le 12.2.1846 suite à la demande du PR du 10.2.1846,

  • déposition des témoins : Thérèse PICRIT - Léopoldine MARY.
  • déposition et aveux de DEROUX Euphrasie. Autopsie du cadavre.
  • PV d'accusation et ordre de conduite fait par la Gd de Lens.
  • Baie d'aubépine remise par le médecin PATERNOSTRE Michel bourgmestre assisté de Louis MASQUILLIER secrétaire communal.
  • Audition du témoin PICRIT Thérèse 52 ans, fileuse.

Le premier ce ce mois, vers le soir, la susdite Euphrasie DEROUX est rentrée chez moi venant de chez sa sœur qu'elle avait été voir à Masnuy St Pierre d'où elle en avait rapporté un paquet de baies d'aubépine qu'elle a fait manger à son enfant en arrivant. Lorsque l'enfant eut mangé la baie vers 6hrs du soir, je me suis doutée qu'elle ne pouvait avoir soupé avec ces noyaux, j'ai dit à cet enfant ou plutôt je lui ai fait comprendre que j'allais lui donner une tartine. Aussitôt, Euphrasie DEROUX demande à ma fille Léopoldine MARY de lui donner du pain qu'elle en couperait un morceau, ce qu'ayant fait, elle en donna la mie' à son enfant qui avait de la peine à l'avaler à force qu'elle lui donnait abondamment. 

L'enfant fit des efforts pour vomir. Elle lui donna plusieurs coups sur la figure. Je lui observait qu'elle allait la faire mourir . Elle me répartit qu'elle allait le mettre coucher, qu'elle lui donnerait les croûtes de la tranche de pain, que le lendemain, on n'en retrouverait plus rien. Mais au lieu de mettre coucher ladite enfant, elle est demeurée dans la place, lui a donné ou plutôt lui a entassé les croûtes de la dite tranche de pain dans la bouche duquel il est résulté que l'enfant est mort asphyxié, ce que voyant ma fille 

Léopoldine m'en fit l'observation à cause que j'avais le dos tourné du côté de l'enfant, je me retournai aussitôt, je reconnus que ledit enfant ne donnait plus aucun signe de vie. Sa mère était occupée à lui jeter de l'eau à la figure pour la rappeler à la vie mais il était trop tard, il était mort, je lui ai fait des reproches sur sa manière de faire, je lui ai dit des gros mots en la menaçant, elle me pria de n'en rien dire à personne, qu'elle me donnerait un franc, je lui répondis que je n'avais que faire de son franc, que ma conscience me reprocherait une telle vilenie, ce que j'ai prouvé en avertissant 1'autorité communale.

Question : N'avez vous pas connaissance d'autres circonstances sur la manière dont E. DEROUX traitait son enfant ?

Oui, il y a un mois environ, l'enfant de ladite E.D. avait fait étant assis à côté du feu. Sa mère la nettoya puis aussitôt se mit à la battre, en le prenant par le bras droit, la terrassa plusieurs fois, lui cassa le bras droit au-dessus du coude. Je lui en fis le reproche et lui dit d'aller trouver un chirurgien, elle ne m'a pas répondu. Le lendemain, je me suis aperçu que le bras précité était gonflé. J'observai encore qu'il y a 2 mois environ, j'ai vu la susdite E.D, qui tenait son enfant au-dessus du poêle soi-disant pour le chauffer. Je lui en fis l'observation à cause que l'enfant criait. Elle me répondit que ce n'était rien, mais je me suis aperçu qu'il avait le derrière rôti. Je lui fis de nouveau des reproches elle me répliqua qu'il crève, car si elle avait su que celui qui lui avait fait ne lui aurait pas donné d'argent que cela ne lui serait pas arrivé. J'ai même fait voir au sieur Henri VAN DE VELDE ouvrier, domicilié à Lens et à Charlotte DELABAYE épouse de François MOTTE ouvrière, audit Montignies Lez Lens que ledit enfant avait été brûlé.

De plus, je déclare avoir vu que parfois la précitée donnait à son enfant Thérèse des tartines couvertes de savon noir ou d'autres matières nuisibles»
Audition de Léopoldine MARY, 12 ans, fileuse, fille de la précédente
confirme les déclarations de sa mère et précise que DEROUX lui avait promis 10 ou 20 centimes pour ne rien dire.
Font procéder à l'exhumation de Thérèse DEROUX par DEFONTAINE Pierre médecin et DEWATTINES Auguste chirurgien, domiciliés à Lens puis à l'autopsie. Les circonstances de la mort sont bien celles racontées par les deux témoins. Les médecins remettent une baie d'aubépine qui est saisie et qui a été trouvée dans la gorge de la victime»
Font arrêter DEROUX Euphraise, 34 ans, fileuse domiciliée à Montignies Lez Lens Nie d'abord les faits.

Voyant que ladite E.D. restait dans une dénégation complète de toutes les demandes que nous lui faisions pour connaître le genre de mort de son enfant, nous lui avons donné connaissance des dépositions à sa charge, faites par lesdites PICRIT et MARY de l'autopsie du cadavre de son enfant, de la déclaration du médecin et chirurgien, cela lui a fait une grande impression. Après différentes nouvelles interpellations que nous lui avons faites et lui avoir dit que nous allions la mettre en présence de son enfant, elle a demandé à ne pas le voir, elle a commencé par avouer qu'elle a fait fait manger à son enfant des tartines de savon noir, avec des fonds d'huile, qu'elle l'avait torturé, lui avait cassé un bras enfin elle a fini par avouer qu'elle était l'auteur de la mort de son enfant dont elle était lasse, qu'elle l'avait étouffé, alors elle s'est mise à fondre en larmes.
Ces aveux ont eu lieu en présence de François (illisible) échevin dudit MLL, de Henry DERMAIX, brigadier de Gd à Lens.
Pièce 3 : ordre de la mettre à disposition PR Mons,
Pièce 4 : Rapport d'autopsie du 12.2.1846 à 15hrs, 2 bras déformés par deux fractures de l'humérus, petit abcès sur le côté gauche de la poitrine, escarre large de J ou 4 lignes sur la fesse, parties considérables d'aliments à l'entrée de la glotte, d'où étouffement»
Pièce sans numéro : 31 mars 1846 réponse du Brigadier DERAMAIX de la Gd de Lens« "De savoir pourquoi elle n'avait donné depuis " mois des tartines de pain à manger à son enfant, du savon et des fonds d'huile, elle a répondu que c'était dans l'intention de la faire mourir, qu'elle en était lasse, à cause que son "travaille" (sic) ne "suffisez" pas pour lui "procuré" le nécessaire de la vie, et qu'enfin celui qui lui avait fait cet enfant lui avait "promis" de l'argent et que jamais il ne lui en avait donné et que pour ces motifs elle avait formé le projet de la faire mourir. Voilà Mr le PR un résultat de l'exacte vérité et les propres paroles d'E.D. lesquels comme père de famille ne s'effaceront jamais de ma mémoire".
Pièce 5 : Ordre de conduite de la Gd devant le bourgmestre.
Pièce sans numéro : ordre du bourgmestre à la Gd d'arrêter E.D. se trouvant à Masnuy St Pierre, validé par le bourgmestre de cette commune.
Pièce 6 : PV de la Gd relatant l'arrestation d'E.D.
Pièce 7 : ordre de conduite de la Gd de Lens d'Euphrasie DEROUX devant le PR (14.2.1846)
Pièce 8 : réquisitoire de mise à l'instruction du PR,
Pièce 9 : interrogatoire à la maison d'arrêt de Mons le 16.2.1846 par le Juge d'instruction - confirme les déclarations,
dit être fatiguée de son enfant, ne sait pas pourquoi elle a fait cela,
Il est vrai que je l'ai fait mourir mais je ne voulais pas lui faire de mal» dit ne pas savoir signer.
Pièce 10 : mandat de dépôt du 13/2/1846.
Pièce 11 : citation à témoins par huissier le 16/2/1846 pour le 20/2 au Palais de Justice de Mons.

  • Henri VANLEVELDE, chaufournier.
  • DELABAYE Charlotte, fileuse, voisins de PICRY T.
  • PICRY Thérèse, ménagère.
  • MARY Léopoldine, fileuse.
  • PATEENOSTRE Nicolas, bourgmestre.
  • DERAMAIS Henri, Bd de Gd.

Pièce 12 : 21/2/1846 : audition des témoins, confirme les déclarations.
DEROUX a une autre enfant âgé de 6 ans qui reste avec sa sœur à Masnuy St Pierre.
Pas de mauvais traitements. Est restée 4 mois chez PICRY. PICRY a averti l'administration des hospices qui n'a rien fait.
Pièce 13 : réponse du bourgmestre de MLL suite à une demande du JI pour savoir auprès de Thérèse Bicry quand le bras avait été cassé : il y a cinq semaines environ.
Pièce 14 : Citation à témoins par huissiers le 4.3 pour le 5.3.1846 : médecins qui ont fait l'autopsie.
Pièce 15 : audition de ces deux médecins le 5 mars, confirme leurs constatations.
Pièce 16 : 5 mars : ré-audition d'E.D. par le JI
"Avant d'habiter chez PICRIT, est restée chez Charles CARLIER à MLL en qualité de nourrice, son enfant étant confié à Joachim THON, En reprenant son enfant, a constaté qu'elle était blessée au bras gauche. On lui a répondu que "cela lui était venu en une nuit de temps".
Pièce 17 : convocation par huissier le 5 mars pour le 9 mars 1846 de
Joachim Thon -Joachin MOULIN épouse Julien LEROY)0 Lucie LEROY, dite Lucie GHISLAIN;
Pièce 18 : audition le 7 mars 1846.
Joachin MOULIN, 34 ans, femme de Julien LEROY, ménagère, cousine germaine d'E.D.
Lui a confié l'enfant pendant 15 mois en 1845 - Avait une grosseur sur l'avant bras droit suite à une tumeur qui ne savait pas se fixer. N'avait pas le bras cassé.
Pièce 19 : 12 mars 1846 : réquisitoire du PR à la Chambre du Conseil : ordonnance de prise été corps»
Pièce 20 : renvoi de la Chambre du Conseil à Mr le PG à Bruxelles en date du 14 mars "Ordonnance de prise de corps"
E.D. : 1m53> cheveux et sourcils noirs, yeux gris, nez fin, bouche petite, menton rond, visage rond»
Pièce 21 : extrait d'acte de naissance du 11.2.181J d'E.D.
Pièce 22 : extrait d'acte de décès du 2.2.1846 de Thérèse DEROUX.
Pièce 23 : état de la pièce à conviction : baie d'aubépine.
Pièce 27 : réquisitoire du PG de Bruxelles du 19.3.1846 pour renvoi devant la ÇA du Hainaut•
Pièce 28 : renvoi devant la ÇA du Hainaut par la Chambre des Mises en Accusation de la Cour d'Appel de Bruxelles»
Pièce 29 : acte d'accusation du 30.3.
Entendue par AUBERT JANSON. vice président du Tribunal Civil de Mons agissant en place de Gustave BOSQUET président de la Cour d'Assises, dit avoir entassé du pain dans la bouche de sa fille mais ne pensait pas lui donner la mort.

Procès 30 avril 1846 :
tirage au sort des jurés : 5 propriétaires, 3 avocats, 1 conseiller communal, deux rentiers, un conservateur des hypothèques. Avocat essaie de faire mettre la question d'homicide par imprudence. Pourvoi en cassation le 28.4.1846.

Exécution le 22.6.1846